Cycle de cours de l’École du Louvre par Cécile Bulté, docteur en histoire de l'art, chargée de cours, École du Louvre
Tout au long du Moyen Âge, le corps est à la fois omniprésent et absent. Dès la fin de l’Antiquité, le regard occidental est bouleversé par le dogme de l’Incarnation, qui fait du corps de l’homme une image de Dieu. Comme absorbé par l’image divine, celui-ci n’en demeure pas moins l’expression d’un ordre social pérenne, métaphore des institutions, dans sa globalité comme dans ses décompositions organiques. Peu à peu, l’exploration des frontières de cette humanité donne corps à l’homme mais l’éloigne de Dieu. Redéfini dans sa nature à l’époque gothique, le corps devient la voie d’une personnalisation et d’une individualisation. Autour de la figuration moderne du corps s’ouvre alors un débat qui lie le statut de l’image à la présence du divin, mais suscite de nouveaux iconoclastes. Tout au long du Moyen Âge, le corps médiéval reste la figure d’une société qui se pense elle-même comme corps et ne sait si elle doit voir le corps une image.
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